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Les conséquences du conflit russo-ukrainien sur les marchés financiers

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Jennifer RUAU
REGARD FINANCIER SUR LE MONDE
5 min
07/03/2022
Les conséquences du conflit russo-ukrainien sur les marchés financiers

Le comportement historique des marchés financiers dans un contexte de guerre

a) Impact des conflits armés sur les indices boursiers américains de 1948 à nos jours : la résilience des Etats-Unis sur le long-terme

Nous avons étudié la performance de deux indices boursiers américains historiques (le Dow Jones et le S&P 500) sur des périodes de 1 et 3 ans suivant les conflits armés les plus marquants depuis la Seconde Guerre Mondiale.

Les Etats-Unis ont été impliqués directement ou indirectement sur toutes les guerres étudiées, il est donc intéressant de voir l’impact des guerres sur les performances des marchés financiers US. Et de manière générale, les marchés financiers globaux sont corrélés avec les Etats-Unis, une vision élargie des résultats peut être appliquée sur tous les indices financiers mondiaux.

Les événements économiques sont les principaux facteurs des Les principaux conflits armés ont été donc mis en relation avec les plus grandes crises économiques des deux derniers siècles. Par exemple, les performances négatives du Dow Jones et du S&P 500 sur 1 an en 2001 sont liées incontestablement à l’éclatement de la bulle internet. Il n’y a pas eu une période de 3 ans de performances négatives après un conflit armé sans qu’une guerre n’ait été jumelée à une crise économique.

Nous remarquons que les performances de ces indices sur 3 ans après une guerre sont quasi-exclusivement positives.

Nous pouvons conclure que les guerres qui se sont déroulées après la Seconde Guerre Mondiale n'ont pas entravé les performances des indices boursiers US sur le long-terme. Le Dow Jones a progressé de 1 544,09% de juin 1948 (Blocus de Berlin) à fin 2021, passant de 2 210,24 à 36 338,30 le 31 décembre 2021. Le S&P 500 a lui aussi augmenté significativement de 2 340,57% entre ces 2 périodes, passant de 195,29 à 4766,18 fin 2021.

Toutefois, les performances passées ne préjugent pas des performances futures.

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b) Les tensions géopolitiques : des opportunités d’investissement à court-terme

Historiquement, les baisses de marché en début de conflits armés ont été rétrospectivement des opportunités d’investissement (Guerre Froide, Guerres du golf, annexion de la Crimée…) ; il convient donc de trouver un bon équilibre entre gestion du risque et opportunisme.

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Le conflit russo-ukrainien

a) L’impact sur nos allocations

Le 24 février 2022, la Russie a déclaré la guerre à Ukraine, cela a impliqué de lourdes sanctions de la part des États-Unis et de l’Union Européenne : le gel des avoirs financiers russes et l’exclusion de certaines banques du pays du système de transaction international Swift mais pour l’instant, le commerce du gaz devrait se poursuivre.

L'Europe est un partenaire commercial important de la Russie dans le domaine de l’Énergie. En effet, 40 % du gaz de l’Europe provient de la Russie dont 30 % de l’approvisionnement énergétique de l’Europe passe par l’Ukraine. Cette guerre va donc se répercuter sur les prix des matières premières car le risque de rupture d’approvisionnement est fort. Les secteurs qui importent leurs matières premières de Russie seront les plus affectés.

Cependant, le volume des échanges commerciaux de l’Union Européenne et la Russie est de 7,15 % en 2020. Le PIB de l’Union Européenne ne pourra donc pas chuter massivement.

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Tous les Villages ActiveSeed ont une faible pondération à la Russie :

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L’allocation denos portefeuilles a été révisée fin 2021 pour diminuer l’exposition au risque et faire face à la forte inflation. Tous vos portefeuilles sont donc bien structurés et témoignent d’une faible exposition à la Russie. Si les tensions persistent, nous réduirons notre allocation sur les actions européennes.

Nous surveillons le conflit russo-ukrainien et son impact sur les politiques économiques et monétaires dans le monde. De ce fait, nous effectuerons des arbitrages en cas de changement de la conjoncture de marché.

b) Eléments de synthèse d’un tournant géopolitique

Le lundi 21 février, Vladimir Poutine annonçait l’envoi de troupes russes dans les régions séparatistes de Donetsk et Lougansk, après avoir reconnu l’indépendance de ces « républiques du Donbass ». Trois jours plus tard, le président de la Fédération de Russie lançait une « opération militaire spéciale ». Les buts de guerre ? Porter secours aux habitants de ces républiques réfractaires à l’autorité de Kiev, « démilitariser et dénazifier l’Ukraine » et sauver ses populations prorusses, victimes d’un prétendu génocide. Cette initiative représente en fait l’invasion générale d’un Etat souverain qui après bientôt quinze jours de conflits, témoigne de sa détermination à résister à l’armée russe.

L’emballement de la rhétorique et de la machinerie guerrière a déjà engendré de tragiques conséquences d’un point de vue humain : déplacements de populations historiques en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, bombardements de villes causant la mort de nombreux civils. 39 nations ont demandé à la Cour Pénale internationale (CPI) l’ouverture d’une enquête pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité. La Russie est plus que jamais isolée sur le plan diplomatique : la légitimité de son action est défendue par une poignée d’Etats clients ou de régimes mis au banc de la communauté internationale (Biélorussie, Syrie, Venezuela, Erythrée, Corée du Nord). De son côté, la Chine, qui n’a pas ouvertement condamné « l’opération spéciale » de M.Poutine et qui partage le même scepticisme à l’égard d’un ordre international dominé par les Etats-Unis, ne prendra pas le risque d’apporter son soutien matériel à Moscou (partenaire économique de second plan : 13e client), au mépris des sanctions occidentales.[1] Pékin est suivie en ce sens par New-Delhi, l’autre géant asiatique, qui s’en tient à une position de neutralité.

Pendant ce temps, l’armée russe procède à une conquête progressive de l’Ukraine, bute devant les grands centres urbains où la population s’organise. Les combats violents qui se déroulent à proximité de sites de production d’énergie atomique, donnent des sueurs froides à l’UE, sollicitée quotidiennement par le gouvernement ukrainien. Celui-ci, par la voix du président Volodymir Zelenski, a en effet officialisé sa demande d’intégration à la communauté européenne. En retour, Bruxelles a annoncé vouloir apporter un soutien matériel aux forces armées ukrainiennes, décision inédite dans l’histoire de l’UE.

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Surtout, l’UE, les Etats-Unis et leurs alliés ont mis en application des paquets de sanctions économiques visant la Russie et ses fameux oligarques. « Si Poutine envahit l’Ukraine, je veux qu’il sache qu’il aura du mal à acheter un soda dans un distributeur automatique dans les cinq minutes qui suivent », déclarait devant un parterre de journalistes à Kiev l’élu démocrate Seth Moulton, fin décembre 2021.[2] Plusieurs multinationales occidentales ont cessé leurs activités russes. Diverses mesures de rétorsion ont été prises à l’encontre de proches de M.Poutine. La messagerie financière Swift (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication) par laquelle transite l’essentiel des opérations interbancaires, ainsi que Visa et Mastercard ont entres autres, suspendu leurs opérations avec la Russie.

Ces mesures ayant pour but de mettre à terre l’économie de la Fédération, doivent contraindre M.Poutine à stopper son invasion, tout en faisant pression sur l’opinion russe et les élites pour éventuellement forcer un changement de gouvernance. A l’échelle du temps long, plusieurs épisodes dramatiques ont néanmoins montré que le peuple russe, privé du pluralisme d’opinion dans les médias (qui ont interdiction de parler de « guerre » en Ukraine), est capable de supporter de bien plus lourds sacrifices.

Quels que soient les prolongements futurs du conflit, nécessairement tragiques pour les Ukrainiens, cet évènement marque un tournant dans l’équilibre des relations internationales, à travers l’affirmation de nouveaux impérialismes et la réactualisation des idéologies irrédentistes.

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[1] « Pourquoi la Chine ne sauvera pas la Russie face aux sanctions », Les Echos, 04/03/2022

[2] « Comment punir ses adversaires. Le conflit ukrainien, entre sanctions et guerre », Hélène Richard, Anne-Cécile Robert, Le Monde Diplomatique, Mars 2022

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