Examen de conscience chez Total

Le géant français des hydrocarbures est en première ligne face à la pression croissante d’un public sensibilisé aux enjeux du changement climatique. Les activités de Total sont régulièrement pointées du doigt, accusées d’accentuer des déséquilibres environnementaux. Les grandes majors pétrolières, identifiées comme des valeurs brunes et blacklistées en tant que telles par la nouvelle taxonomie européenne, figurent parmi les acteurs économiques les plus nocifs pour nos écosystèmes.

Total a changé de nom le 28 mai 2021 pour devenir “TotalEnergies” : il s’agissait de traduire le désir de diversification vers des sources d’énergie durables. La société française a investi 4 milliards de dollars dans les énergies bas carbone en 2022. Néanmoins, elle se confronte à des critiques sévères ces dernières années en raison d’allégations de “greenwashing”. Il est vrai que Total a beaucoup communiqué sur ses engagements environnementaux. L’entreprise a fait des annonces importantes sur sa transition vers un modèle plus propre, mais certains observateurs estiment que ses actions ne sont pas à la hauteur de ses déclarations.

En Décembre 2021, TotalEnergies fait face à un scandale lié au projet "Tilenga" en Ouganda, qui est l'un des plus grands chantiers liés aux hydrocarbures d'Afrique de l'Est. Il s’agit d'un projet, situé dans la région de Hoima, qui vise à extraire l’or noir des réserves découvertes dans le parc national de Murchison Falls, une zone de grande valeur environnementale. De nombreuses critiques ont exprimé des inquiétudes en raison de préoccupations environnementales, de respect des droits de l'homme et des communautés locales. Les risques écologiques sont pourtant nombreux : déforestation, pollution de l'eau, perturbation des habitats naturels et menaces pour la faune sauvage.

Pour regagner la confiance du public et des défenseurs de l'environnement, TotalEnergies est appelée à plus de transparence et de responsabilité. Les critiques demandent une réelle transition énergétique, avec des réductions significatives des émissions de CO2 et une élimination progressive de ses activités liées aux combustibles fossiles.

En bourse, l'action Total se comporte très bien : elle est proche de ses plus hauts historiques.

Après avoir connu une correction majeure pendant la crise sanitaire, l'action bénéficie à présent d'une conjonction favorable : d'une part, la reprise de l'inflation, particulièrement perceptible dans les prix de l'énergie, et d'autre part, des perspectives de rendements stables.

Ces dernières sont particulièrement attractives dans un contexte de hausse des taux qui pèse sur les valeurs à forte croissance. En comparaison, les valeurs dites "value", à l'instar de Total, sont privilégiées dans un marché empreint d'incertitudes.

Par ailleurs, l'entreprise s'emploie à se distinguer comme le meilleur (le moins mauvais?) élève parmi les majors pétrolières. Cette initiative s'inscrit dans une stratégie visant à diversifier ses sources de revenus et à s'affirmer en tant que leader dans la production et la distribution d'énergie. À titre d'exemple, TotalEnergies vient d'annoncer aujourd'hui le lancement de l'exploitation commerciale de la centrale solaire Myrtle Solar, implantée au Texas : " Avec 705 000 panneaux photovoltaïques au sol installés sur une surface équivalente à 1200 terrains de football, Myrtle a la capacité de produire suffisamment d'électricité verte pour couvrir l'équivalent de la consommation de 70 000 foyers."

Même si bien sûr, beaucoup diront que c'est insuffisant au regard des projets bruns encore financés