La croissance des tensions géopolitiques en 2023 a-t-elle eu un impact sur les marchés financiers ?
Le secteur des Énergies est un secteur central pour l’économie mondiale. Il est très sensible au contexte géopolitique et aux anticipations de l’activité macroéconomique mondiale. Du reste, ce sont les énergies qui définissent en grande partie la trame des échanges internationaux.
La situation est paradoxale : malgré le contexte géopolitique très tendu, le cours du pétrole commence l'année en baisse. En moyenne hebdomadaire, le prix du Brent ICE (contrat à terme à un mois à Londres) a baissé de 1,6 $/b (-2 %) à 77,5 $/b, tandis que le WTI a perdu 1,3 $/b (-1,7 %) à 72 $/b. Les observateurs estiment que l'augmentation de l'offre sera suffisante pour répondre à la croissance de la demande mondiale de pétrole, dont on prévoit un ralentissement. Les motifs ? La fin du rebond post-pandémique, la contraction de l’activité manufacturière chinoise, l'effort mondial réalisé en matière d'efficacité énergétique et l’extension du parc automobile électrique. Les grandes banques américaines (Morgan Stanley, UBS, Goldman Sachs), ont abaissé leurs prévisions pour le prix du pétrole brut Brent cette année d'environ 9 %, à environ 77 $/b.
L'évolution de la position de l’OPEP+ (Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés) devra néanmoins être suivie de près : certains pays producteurs tels que la Russie en guerre et l’Arabie Saoudite, ont annoncé fin 2023 réduire volontairement l’offre de pétrole (après la chute de près de 20% des cours du brut depuis fin septembre). D’autres rumeurs de réductions plus importantes en 2024 ont été rapportées. Les pays de l’OPEP ont mis en place une politique de quotas depuis 2020 afin de contingenter leur production et d’optimiser les rentes générées par l’approvisionnement en or noir.
Néanmoins, l’absence de décollage des prix des hydrocarbures s’explique également par le fait que des Etats producteurs concurrents de l’OPEP ont profité de cette politique de contingentement pour gagner des parts de marchés. États-Unis, Canada ou Brésil en sont les principaux bénéficiaires. En effet, le comportement de l’OPEP a eu pour réaction de rendre plus profitable l’exploitation de pétrole de schiste ou des sables bitumineux. Même constat pour le gaz : avec l’éviction du gaz russe du marché européen, les USA ont été le premier exportateur mondial de GNL au premier semestre 2023.