Le Bitcoin est une crypto-monnaie, une monnaie numérique décentralisée et est échangée d’utilisateur à utilisateur (peer-to-peer) sur le réseau Bitcoin. Tout agent économique dans le système d’échange est intégré dans le processus de transaction et de création du Bitcoin. Les transactions sont assurées par la cryptographie et répertoriées dans un grand livre distribué publiquement appelé blockchain¹.
La crypto-monnaie est créée comme une récompense pour le minage² en utilisant des ordinateurs pour résoudre des algorithmes mathématiques complexes. Au début du lancement du Bitcoin, les ordinateurs moyens pouvaient résoudre les algorithmes. Mais au fur et à mesure que les énigmes devenaient plus difficiles (à cause d’une exploitation minière plus conséquente) ils ne pouvaient plus les résoudre. Les mineurs se sont alors munis d’ordinateurs spéciaux dotés d’une meilleure puissance de traitement. Cette complexité algorithmique exige beaucoup d’électricité, environ 121 TWH par an, soit l’équivalent de la consommation d’électricité annuelle de la Suède.
Par conséquent, lorsque le prix du Bitcoin est plus élevé, les énigmes mathématiques pour créer des blocs deviennent plus difficiles. Ce qui amène à une plus forte consommation d’énergie. On pourrait arriver à une consommation d’électricité avoisinant les 500 TWH par an si l’on parvient à un prix du Bitcoin encore plus élevé que le prix qu’il n’a atteint lors du premier trimestre de 2021.
Elon Musk a récemment souligné que le Bitcoin a un impact négatif sur l’environnement en publiant sur Twitter : “Tesla a suspendu les achats de voitures avec des bitcoins. Nous sommes inquiets du recours de plus en plus important aux combustibles riches en carbone pour miner des bitcoins, surtout le charbon, qui a les pires émissions (de gaz à effet de serre) de tous les combustibles”. De ce fait, le cours du Bitcoin a chuté de 9 % le jeudi 13 mai 2021 et a atteint 46804.44 $. Depuis cette annonce et d’autres clarifications sur l’impact environnemental du Bitcoin mêlées à l’interdiction de la Chine des paiements Bitcoin sur son territoire, le Bitcoin s’est fortement replié à 34584.6 $ le 30 mai 2021.
Lorsqu’on réalise la cryptographie, des combustibles fossiles sont brûlés ce qui accroît les émissions de CO². En effet, la création de monnaie est très énergivore et est faite par des mineurs chinois (70 % du minage est fait en Chine) dont l’électricité est produite majoritairement avec du charbon. Les régulateurs du système monétaire sont donc incités à réprimer l’usage des crypto-monnaies pour éviter une augmentation des émissions de gaz à effet de serre et souhaitent créer des MDBC (Monnaie Digitale de Banque Centrale) pour lutter contre les risques financiers. Ces MDBC amèneraient-t-elles à bénéficier de certains avantages financiers des crypto-monnaies tout en luttant contre les risques environnementaux que celles-ci procurent ? Il va falloir vérifier si ces MBDC recourront à la blockchain pour protéger les transactions.
Le Bitcoin lui seul pourrait augmenter le réchauffement climatique au-delà de 2°C dans les 3 prochaines décennies ce qui n’est pas cohérent avec les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat³. Selon un rapport de CNBC, l’extraction de Bitcoin représente environ 35,95 millions de tonnes d’émissions de CO² chaque année, soit environ la même quantité que la Nouvelle-Zélande.
Selon The New Yorker, une seule transaction Bitcoin utilise la même quantité d’énergie que la consommation mensuelle du ménage américain moyen et est responsable d’environ un million de fois de plus d’émissions de CO² qu’une seule transaction Visa.
L’exploitation minière entraîne une trop grande consommation d’électricité et émission de gaz à effet de serre. La gestion des ressources énergétiques est inefficiente pour cette activité, elle excède les limites que ce soit en termes de volume et d’impact environnemental. Le minage influence aussi les prix sur les marchés de l’électricité.
Nous sommes dans une ère où il devient vital de réduire les émissions de carbone pour pallier contre le réchauffement climatique : Est-il donc raisonnable de consacrer la valeur de l’électricité de la Suède ou la valeur des émissions de CO² de la Nouvelle-Zélande à une monnaie virtuelle ? La solution des MDBC pourrait s’enracinée ainsi que le développement des énergies renouvelables dans les mines de Bitcoin.
Environ 75 % des mineurs déclaraient utiliser de l’énergie renouvelable mais selon des études de Cambridge, les énergies renouvelables représentent toujours moins de 40 % de l’énergie totale utilisée pour l’exploitation minière. La transparence des mines sur leur utilisation des énergies n’est donc pas cohérente avec la réalité des faits. En l’occurrence, une faible partie de l’exploitation minière en Chine et aux Etats-Unis provient de l’énergie hydroélectrique. Il conviendrait alors de se concentrer davantage sur l’énergie hydroélectrique ou l’énergie solaire pour obtenir de l’électricité au lieu d’en produire avec du charbon.
D’après le Financial Times, Jack Dorsey, informaticien de chez Twitter et de Square, déclare que le Bitcoin pourrait encourager le développement plus rapide des énergies renouvelables comme l’énergie solaire. En effet le marché du Bitcoin suit les annonces d’Elon Musk, ce dernier a évoqué la possibilité qu’il puisse soutenir d’autres crypto-monnaies avec un impact énergétique plus léger. En conséquence, les entreprises produisant des énergies renouvelables pourraient se développer pour permettre la création des crypto-monnaies et suivre la transition énergétique.
En conclusion, la crypto-monnaie n’est pas une bonne classe d’actif pour investir durablement si l’on suit les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat et les impacts environnementaux du Bitcoin. Si l’on veut que le Bitcoin ne nuise pas à l’environnement, il faut que les mines revoient leurs modèles de coûts : ne pas choisir les énergies les moins chères pour la cryptographie et donc privilégier les énergies renouvelables.
Définitions :
¹ Blockchain : technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée et fonctionnant sans organe central de contrôle.
² Minage/Exploitation minière : procédure de calculs (casse-tête cryptographique) par lequel on vérifie, sécurise et enregistre les transactions du Bitcoin. Les mineurs sont récompensés par des Bitcoins récemment minés et introduisent de nouveaux Bitcoin.
³ Accord de Paris sur le climat : un traité international juridiquement contraignant sur les changements climatiques. Son objectif est de limiter le réchauffement climatique à un niveau bien inférieur à 2, de préférence à 1,5°C, par rapport au niveau préindustriel.
Sources :
https://www.ft.com/content/1aecb2db-8f61-427c-a413-3b929291c8ac
https://blockchainfrance.net/decouvrir-la-blockchain/c-est-quoi-la-blockchain/
https://www.newyorker.com/news/daily-comment/why-bitcoin-is-bad-for-the-environment
https://www.investopedia.com/tech/whats-environmental-impact-cryptocurrency/