C’en est fini de la success-story française de l’assurance-vie. Telle est l’opinion générale qui prédomine en ce début d’année 2021. En 2020, l’assurance-vie a connu une décollecte record de 6.5 milliards d’euros ; conséquence de la baisse des dépôts des assurés (116.3 milliards d’euros en 2020 // 144.6 milliards d’euros en 2019). Dans le même temps, l’encours du Livret A a explosé (2019/2020 : encours x 2 avec un montant net de 26.4 milliards d’euros). On impute la faute au confinement et à l’attentisme des Français. Dans tous les cas, il n’en fallait pas moins pour prophétiser à tort le déclin inéluctable de l’assurance-vie.
Qu’on impute la faute au confinement ou à l’attentisme des Français, il n’en fallait pas moins pour prophétiser à tort le déclin inéluctable de l’assurance-vie.
Les logiques d’épargne sont en pleine mutation, et le constat ne se limite pas à l’assurance-vie. Cette transformation atteint plus globalement les raisons qui motivent et justifient la constitution d’une épargne.
Elle touche également les acteurs : les institutionnels sont contraints de repenser leur stratégie et les petits nouveaux du digital doivent jouer des coudes pour se frayer une place et apporter la ventilation indispensable qu’exigent aujourd’hui les métiers de l’épargne.
Fonds euros : étoile finissante
L’assurance-vie dans sa dimension originelle, c’était une gestion à long terme du patrimoine, un placement d’une grande prévisibilité et une protection contre les aléas de la vie. Elle offrait une garantie du capital pour la partie investie en euros adossée sur la solidité des bilans et la qualité des fonds propres d’entreprises réglementées et étroitement contrôlées.
Comme pour tout, le temps accomplit ses bonnes œuvres : la malheureuse assurance-vie s’est flétrie. La cause de cette mésestime ? C’est, depuis plus de dix ans, la baisse des rendements servis par les fonds euros qui composent entre 60% et 80% de l’enveloppe en fonction des assureurs (eux-mêmes investis sur des emprunts d’Etat et des obligations d’entreprise). En 2009, ces fonds euros dégagent un rendement moyen de 3.5%. Dix ans plus tard, en 2019, il tombe à 1,3%. En 2020, les taux français sont pour la première fois négatifs en moyenne annuelle. De fait, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) table sur une baisse de rendement de l’actif général des assureurs de 20 à 25 points de base chaque année. Cette situation est liée à la diminution constante du taux moyen des emprunts d’Etat à échéance de plus de 7 ans (TME), qui flirte désormais régulièrement avec des valeurs négatives.
Source : Banque de France — Eurosystème
Dans ce contexte, les rémunérations servies par les assureurs institutionnels sont à la peine. Seul le Crédit mutuel, qui partait de taux inférieurs à la moyenne en 2019, a maintenu ses taux en 2020. Pour Axa, la Carac, Le Conservateur, Prepar Vie ou SMA Vie, la baisse sur un an est de 50 points de base. Les taux plus bas sont servis du côté des bancassureurs, alors que les plus favorables sont livrés par les mutuelles et les assureurs mutualistes : Crédit agricole, La Banque postale servent du 0,65 % — 0,7 % sur des contrats encore ouverts, alors que Gaipare, Asac-Fapes, Afer ont soutenu leur taux en effectuant une reprise sur leur provision pour participation aux bénéfices. Au total, à l’exception Garance, on ne trouve plus aucun fonds ouvert à la commercialisation au-dessus de 2%. 1
Réenchanter l’assurance-vie : de nouveaux acteurs pour de nouvelles logiques de conseils
La fin de l’attrait pour les fonds euros fournit l’occasion de refonder l’assurance-vie : elle incarne toujours le placement idéal pour constituer une épargne de long terme et se protéger, soi-même et ses proches, contre les aléas de la vie. Aussi, son horizon reste ouvert : l’assurance-vie peut tout aussi bien être motivée par un projet immobilier ou l’étude des enfants, que par la retraite et les enjeux de succession.
Les fonds euros ont relativement corrompu les biais cognitifs. L’équation…
Épargne = Performance + Garantie
… est un leurre. L’épargne se corrèle à une activité économique dans laquelle le risque est inévitable. Certains magiciens qui proposent depuis plusieurs mois des solutions miracles pour pallier la défaillance des fonds euros, recommandent par exemple d’investir directement dans le capital des grandes entreprises qui sont à l’origine de la croissance.2 C’est toujours mieux que les injonctions publicitaires cheap et louches « Sus à l’immobilier ! » ou « Ruez sur le Bitcoin ! ». Le risque est inhérent à l’épargne. L’épargnant partage les risques comme il partage les fruits de son investissement.
L’assurance-vie nouvelle génération repose sur deux jambes :
- La diversification, qui élargit la palette des supports d’investissement financier ;
- L’offre de conseil indépendante et fine, qui suppose une réorganisation des compétences et des métiers.
La diversification et la mondialisation des portefeuilles d’investissement sont une solution privilégiée pour dynamiser et préserver l’attractivité de l’assurance-vie. Du reste, cette stratégie est validée par des institutionnels tel que Generali qui gère plus de 70 milliards d’euros de provisions mathématiques en épargne. L’assureur est passé de 30% d’unités de compte à 33% d’UC dans le stock. En 2020, la collecte nette en UC par Generali a atteint 2,5 milliards d’euros. Parallèlement, la décollecte en fonds euros s’établit à -2,8 milliards. Fin 2019, Generali a introduit une contrainte de 60% d’UC pour tout nouveau versement. Depuis, l’assureur impose un minimum de 50% d’UC.3
Les acteurs digitaux du Conseil en Investissement Financier (CIF) impulsent cette stratégie de diversification. ActiveSeed contribue à l’innovation sur les supports en UC en ayant entre autres recours aux ETF. Les ETF forment une catégorie d’OPCVM (organisme de placement collectif en valeurs mobilières) indiciel ou sont fondés sur un indice côté sur un marché réglementé. Ils ont pour objectif de répliquer les variations d’un indice prédéterminé ou d’évoluer en suivant une formule prédéterminée fondée sur un indice donné. Autrement dit, les ETF sont des portefeuilles d’actifs visant à reproduire la performance d’un benchmark (indice de référence) dont on peut échanger des parts.
Le digital révolutionne l’approche de conseil et réinvente un service aux épargnants. ActiveSeed promeut une allocation active des avoirs conjuguant la sensibilité des Conseillers en Investissement Financier au pilotage type robo advisor. Surtout, dans le prolongement de la réglementation européenne MIFID4, l’apparition de nouveaux acteurs renouvelle l’indépendance et la valeur ajoutée du CIF. L’approche du « monde d’avant » centrée sur les fonds euros et les « fonds maison » a généré une structure de coûts en cascade. Au contraire, l’irruption de nouveaux acteurs digitaux CIF opère un mouvement inverse qui chemine vers plus de transparence et une baisse des coûts pour le client. L’arbitrage indépendant réalisé par le conseiller CIF dans le cadre de solutions collaboratives telle qu’ActiveSeed Vie, offre un pilotage souple, personnalisé, qui s’appuie sur des supports rémunérateurs réunis au sein de portefeuilles thématiques.
Le conseil qui vendait de l’assurance-vie en misant sur la performance d’un fond est dépassé. Pour autant, l’enveloppe fiscale assurance-vie a gardé tous ses avantages. La success-story qui s’achève est celle des fonds euros : l’assurance-vie nouvelle génération a de beaux jours devant elle.
- Raphaële Karayan, « Assurance vie : des bonus désormais incontournables », 10/02/2021, L’Argus de l’assurance
- ActiveSeed leur recommandera d’écouter attentivement en podcast sur France Culture les cours de Philippe Aghion au Collège de France « Théorie et politique de la croissance ». Réactualisant la théorie schumpetérienne du processus de destruction créatrice, l’économiste explore les raisons qui placent l’innovation au cœur de la croissance.
- « Assurance vie : les recettes de Generali pour ringardiser le fonds euros », MoneyVox, 19/02/2021
- La directive concernant les marchés d’instruments financiers (MIFID) légitime le métier de conseil en investissement financier (CIF), qui se fait le dépositaire dans un régime de concurrence libre et non faussée, d’une expérience et d’une objectivité au bénéfice du consommateur. Ces développements motivent l’opportunité de solutions collaboratives.