Pour faire fructifier son épargne, il est important d'opter pour des placements offrant le meilleur ratio risque-rendement. Cependant, en plus d'une éventuelle assurance-vie, d'un compte titre ou d’un PEA, il faut aussi penser à mettre en place une épargne de précaution. Pour cela, il existe un livret réglementé et défiscalisé : le livret A. Mais quelle somme devez-vous laisser sur ce compte épargne et comment fonctionne-t-il ? Explications.
Taux, fonctionnement et plafond : quelles sont les règles du livret A ?
Le livret A a été créé le 22 mai 1818. À ce titre, il est le plus ancien de tous les produits d'épargne. Conçu juste après les guerres napoléoniennes, il a été imaginé pour stabiliser le système financier. Plus tard, il a été dédié au soutien du logement social français.
Très apprécié, le livret A n'est que très peu exigeant concernant ses conditions d'ouverture. Pour preuve, il n'est même pas nécessaire d'être majeur pour en posséder un ! Les enfants peuvent donc avoir un livret A. De plus, ce livret réglementé n'est pas exclusivement réservé aux personnes domiciliées en France.
En réalité, le livret A est soumis à deux contraintes principales :
- Une personne ne peut détenir qu'un seul livret A ;
- Le dépôt minimum pour détenir un livret A est généralement de 10 €. Cette somme a néanmoins été abaissée par certains établissements bancaires, à 1,50 €.
Le livret A affiche un précieux avantage sur le plan fiscal. En effet, ses intérêts ne sont pas soumis à l'impôt sur le revenu. Notez toutefois que ce support financier est plafonné. Il est strictement impossible d'y déposer plus de 22 950 €. En revanche, une fois que ce plafond est atteint, il peut être dépassé par les intérêts capitalisés chaque année.
Autre atout du livret A : l'épargne qui s'y trouve reste disponible à tout moment. Autrement dit, le détenteur de ce livret peut retirer son argent quand bon lui semble, à la seule condition d'y laisser un montant minimum de 10 €.
Le taux de rémunération du livret A est fixé par le gouvernement. Actuellement, il affiche un rendement de 3 % net. Les intérêts sont alors calculés par quinzaines. Autrement dit, mieux vaut attendre le 15 du mois pour effectuer un retrait d'argent, plutôt que de réaliser cette opération le 14. Les intérêts sont ensuite versés le 31 décembre de chaque année.
Épargne de précaution : quel montant placer sur le livret A ?
Même si le taux du livret A a considérablement augmenté au cours des derniers mois, il n'est toujours pas considéré comme un placement hautement rentable. Le livret A est plutôt conçu pour mettre de côté de l'épargne de précaution. Autrement dit, il sert à se prémunir des imprévus et à préserver un petit pécule en cas de coup dur.
Le montant de l'épargne de précaution à avoir de côté varie selon les situations. Toutefois, il est coutume de dire que la somme idéale équivaut à six mois de revenus. Autrement dit, votre livret A devrait vous permettre de vivre environ six mois sans que vous n'ayez de rentrées d'argent.
Selon l'INSEE, le revenu médian français est actuellement de 1850 € par mois. Six mois d'épargne de précaution équivalent donc à environ 11 100 €. Le plafond du livret A est donc amplement suffisant !
Les Français, friands du livret A !
Très ancré dans l'héritage français et affichant une longévité incroyable, le livret A ne cesse de faire parler de lui. Qui plus est, la récente crise sanitaire n'a fait que renforcer sa suprématie. En effet, le sentiment d'insécurité et d'instabilité économique a encore poussé les ménages à mettre de côté, voir même à épargner sans investir. Dans ce contexte incertain, nombreux sont ceux à avoir eu peur de « bloquer » leur argent ou même de le perdre sur des supports plus risqués. Le livret A est donc apparu comme l'un des grands gagnants de la crise covid ! Par son côté rassurant, il a une nouvelle fois battu des records de collecte. Pourtant, il est loin d'être le placement le plus attractif…
Alors, pourquoi les Français aiment-ils tant le livret A ? Pourquoi sont-ils si nombreux à s'orienter vers ce livret, quitte à perdre en rentabilité ? Plusieurs éléments peuvent expliquer ce phénomène :
- La peur du risque : pour bon nombre de personnes, le livret A est synonyme de sécurité. Il s'agit d'un placement sûr, sans le moindre risque de perte en capital. Il va donc à l'encontre des placements sur les marchés financiers. Pourtant, par son faible taux face à la forte inflation, il fait en réalité perdre du pouvoir d'achat. Les individus qui y préservent une importante somme d'argent n’en ont simplement pas conscience ;
- L'appât du gain immédiat : les marchés financiers ou les assurances-vie sont des placements qui s'envisagent plutôt sur le long terme. Or, bon nombre de personnes se laissent plus facilement tenter par l'appât du gain instantané. Par sa disponibilité, le livret A a tendance à satisfaire tous ceux qui sont à la recherche d'une récompense tangible, à court terme ;
- L'aspect rassurant d'un placement bien connu : en général, tout ce qui est nouveau ou mal connu a tendance à faire peur. Or, le livret A existe depuis plus de deux siècles ! Qui plus est, il bénéficie d'un fonctionnement très simple. Voilà donc l'une des autres raisons de son immense succès.
Pourquoi ne faut-il pas mettre trop d'argent sur son livret A ?
Malgré ses avantages, le livret A reste malgré tout un support peu rémunérateur. En effet, si son taux d'intérêt a récemment réaugmenté, il n'a pas suffi à compenser l'inflation… Pour preuve, le taux du livret A est actuellement de 3 %. En revanche, le taux d'inflation annuelle de la zone euro s'est établi à 6,9 % en mars 2023 ! Sur cette même période, en France, les prix à la consommation ont augmenté de 5,6 % en un an.
Autrement dit, pendant que votre épargne dort paisiblement sur votre livret A en ne rapportant que peu d'intérêt, l'inflation, quant à elle, continue sans cesse de croître. Ainsi, plus votre argent sommeille sur ce support et plus il se dévalue.
Imaginons que vous décidiez de placer 10 000 € sur votre livret A. Compte tenu de l'inflation, vous ne pourrez plus acheter autant de choses avec ce capital dans cinq ans que vous ne le pouvez aujourd'hui, y compris si votre livret A a généré des intérêts.
Lorsque l'inflation est de 6,9 % et que le taux d'un placement est de 3 %, cela signifie que son rendement net est, en réalité, de – 3.9% ! Ainsi, bien que le capital d'un livret A soit garanti, il s'agit bien d'un support susceptible de vous faire perdre de l'argent…
Quelles sont les alternatives au livret A ?
Vous l'aurez compris, nous vous conseillons vivement de ne placer que votre épargne de précaution sur votre livret A. Pour le reste, il existe d'autres supports financiers bien plus rentables.
Tout d'abord, avez-vous pensé au Livret d’Epargne Populaire (LEP) ? Il s'agit d'un autre livret réglementé destiné à toutes les personnes ne dépassant pas un certain plafond de ressources. Celui-ci affiche un taux préférentiel de 6,10 %, depuis le 1er février 2023. Il est également défiscalisé. En revanche, il ne peut accueillir que 7700 € maximum.
L'assurance-vie, quant à elle, est une autre alternative envisageable. Celle-ci peut permettre de diversifier son capital, en le plaçant sur différents types de supports, plus ou moins risqués. Le choix de ces supports dépendra de votre aversion au risque ainsi que de vos projets. Vous ne prendrez pas les mêmes décisions si vous envisagez de financer les études de vos enfants, de vous constituer un apport pour une résidence principale ou de mettre du capital de côté pour votre retraite. Dans tous les cas, sachez que l'assurance-vie est un produit financier très avantageux sur le plan fiscal, notamment lorsque celle-ci est détenue depuis plus de huit ans. Lorsque l'argent est investi sur des fonds en euros, et contrairement aux idées reçues, il reste disponible à tout moment. Ensuite, libre à vous d'opter pour une assurance-vie en unités de compte. Dans ce cas, vous aurez la possibilité de ventiler votre épargne entre différents produits plus ou moins risqués, de façon à booster la rentabilité de votre argent sur le long terme. En effet, l'assurance-vie peut permettre de surfer sur la croissance des marchés boursiers, tant par l'acquisition d'actions que d'obligations. Si vous êtes novice en la matière, n'hésitez pas à vous faire aider d'un conseiller financier. Celui-ci saura vous orienter selon votre profil risque et votre horizon de placement.